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HO CHI MINH VILLE alias SAIGON

Hotel de ville de Saigon
1er au 4 janvier 2011
NAM MOI ! BONNE ANNÉE 2011 !
Saigon, l’ancienne capitale du Sud-Vietnam a été renommée Ho Chi Minh City (HCMC) après la victoire des communistes du nord en 1975 et la réunification du pays. Saigon, vaincue, a perdu son titre de capitale au profit d’Hanoi au nord. Les vietnamiens du sud ont toutefois gardé l’appellation Saigon. Un peu d’histoire pour nos plus jeunes lecteurs qui n’ont pas vécu l’époque de la Guerre du Vietnam…
«Après la victoire communiste d’avril 1975, il n’y eut pas de bain de sang comme celui perpétré à Phnom Penh (Cambodge) par les khmers rouges. Mais la plupart des fonctionnaires de l’ancienne administration et des officiers de l’armée du sud furent envoyés illico presto en camps de rééducation, le Goulag vietnamien, d’où beaucoup ne revinrent jamais. La ville entra dans la pénombre du collectivisme le plus dur. Comme après toute bonne révolution, l’ancienne capitale vaincue dut se soumettre aux règles inflexibles du socialisme bureaucratique venu du Nord-Vietnam. La ville entra de force dans un carcan politique, administratif et policier auquel rien ne l’avait préparé. Les bars à filles et les discothèques furent fermés, les commerces, les maisons, les immeubles privés furent réquisitionnés, enlevés à leurs propriétaires, confisqués par le nouvel État totalitaire. Les rues de Saigon se vidèrent. Ne restèrent que les cyclo-pousses et les vélos. Les Nordistes victorieux habillèrent l’ancienne capitale du sud avec les habits sobres et austères de la révolution. On passa subitement de la mini-jupe et des talons hauts aux pantalons noirs et sandales en caoutchouc. Gym tous les matins à 6 h au rythme des haut-parleurs crachant à n’en plus finir des slogans de propagande ! Saigon la pute a été battue par Hanoi la prude, soupiraient les derniers occidentaux à partir. Les nouveaux maîtres de la ville mirent un espion derrière chaque porte, Saigon libérée se réveilla soudain privée de liberté ! Des centaines de milliers de saïgonnais s’enfuirent alors par la Mer de Chine, entassés dans des rafiots de fortune. Environ 1,5 million de «boat people», la plupart du Sud-Vietnam, quittèrent le pays clandestinement via les canaux du delta du Mékong… (extrait du Routard)».
Des saïgonnais nous ont raconté qu’après la fin de la colonisation française en 1954, les livres en français ont été brûlés, il était interdit de parler français… idem en 1975, fini l’anglais, on enseigne le russe dans les écoles, tous les manuels sont en russe… on raconte au peuple que la Russie est la nation #1 au monde. Mais les saïgonnais qui avaient été ouverts au monde extérieur savaient que l’anglais était important et les plus instruits ont continué d’enseigner l’anglais  à leurs enfants, le soir à la maison.
Après la chute du communisme en 1991 et l’ouverture du pays au tourisme étranger en 1995, Saigon a vraiment pris son essor et tout a changé à la vitesse grand V. Dynamique et vivante plus que jamais, Saigon travaille à reprendre ses 40 ans de retard sur les autres grandes métropoles sud-asiatiques.  Partout, on construit, on rénove, on efface les traces de la guerre.
Nous avons été émerveillés de voir l’explosion de lumière et de décoration au centre-ville pour souligner le passage à la Nouvelle Année occidentale. Quand on sait que la grande fête du Têt,  le Nouvel An vietnamien, ne se tiendra qu’à la fin janvier, on ne peut que constater à quel point Saigon est tournée vers le monde extérieur ! Certains pourront déplorer son manque d’authenticité mais c’est ça la «globalisation mondiale» et après toutes ces années de vache maigre, on ne peut leur reprocher de vouloir retrouver leur prospérité d’antan, Saigon ayant déjà été surnommée «le Petit Paris» et aussi «la perle d’Extrême-Orient».
Visite de quelques musées, question de s’instruire sur l’histoire du Vietnam et sur la vie de l’oncle Ho (surnom d’Ho Chi Minh) mais on en saura plus à Hanoi, son fief !
Autres visites obligées des environs d’Ho Chi Minh ville, les tunnels de Cu Chi et le temple Cao Dai de Tây Ninh
Tunnels de Cu Chi
«Immense réseau d’étroites galeries souterraines creusées à la main par les Viêt-Cong pour se réfugier se défendre contre la machine de guerre américaine, les tunnels de Cu Chi, longtemps fermés au public, constituent aujourd’hui l’un des plus grands sites historiques de la guerre au Vietnam. D’abord pour comprendre la ténacité et l’ingéniosité des maquisards qui surent résister avec trois fois rien à l’une des armées les plus puissantes et les plus sophistiquées du monde. Ensuite pour découvrir les conditions atrocement difficiles dans lesquelles vécurent les civils et les soldats Viêt-Cong du maquis de Cu Chi. Voici sans doute la région du Vietnam, qu’on appelle «le Triangle de fer» en raison des bombardements intensisf mais aussi à cause de la détermination farouche de ses combattants. C’est la région qui a le plus souffert sous les bombes,  les défoliants et le napalm. (Extrait du Routard)»
Tres etroits les tunnels de Cu Chi
Ces tunnels qui avaient été creusés dans les années 1940 pour lutter contre les français ont passé de 17  à 250 km durant la lutte anti-américaine, un travail de fourmi, réalisé dans l’ombre par des villageois encadrés secrètement par des officiers communistes infiltrés au Sud-Vietnam. Les paysans travaillaient dans les rizières le jour et se transformaient en soldat la nuit. Les Américains n’ont jamais pu vaincre cet ennemi  «invisible» qui disparaissait devant eux dans la nuit grâce à des trappes habilement camouflées qui les conduisaient à leurs tunnels creusés si profondément qu’ils résistaient aux bombardements les plus puissants.
Les Américains ont finalement  découvert l’existence de ces tunnels, à environ 60 km de Saigon, mais ils n’ont pu jamais les vaincre car ils étaient bien protégés par de multiples pièges meurtriers. Les soldats et même les chiens qui ont tenté d’y pénétrer ont été empalés à l’entrée de ceux-ci par des pieux empoisonnés.
Nous avons apprécié notre visite à Cu Chi mais nous avons trouvé plutôt inconvenante la façon dont notre guide local nous a parlé de Cu Chi, de manière désinvolte, en faisant sans cesse des blagues de mauvais goût, sans aucun respect pour toutes les pertes de vie survenues ici et quand on sait les horreurs de la guerre vécue par les deux camps. C’est peut-être que les vietnamiens ne veulent plus parler de la guerre, veulent oublier ce tragique épisode…
Cu Chi, l’endroit où se révèle le génie guerrier d’un peuple capable de vaincre un éléphant avec l’énergie d’une fourmi…
Temple de Cao Dai
À 96 km au nord-ouest de Saigon, la ville de Tây Ninh est le Saint-Siège de la religion cao dai, une nouvelle religion inventée par un fonctionnaire cochinchinois dans les années 1920, une tentative de synthèse entre les grandes philosophies religieuses d’Occident et d’Extrême-Orient.
Le principe de base du caodaïsme, c’est qu’il n’existe qu’un seul Dieu. Être Suprême et créateur de l’univers, commun à toutes les religions et croyances de la planète, une religion universelle sans distinction de races ou de continents. Si tous les hommes sur terre avaient conscience de cela, le monde aurait vécu dans la paix, la justice et l’amour.  Le caodaïsme prend ce qu’il y a de meilleur dans toutes les religions : bouddhisme, confucianisme, taoïsme, christianisme et islam. Ainsi les croyants vénèrent Bouddha, Sakyamuni, Confucius, Lao-Tseu, Jésus-Christ et Mahomet sans oublier l’héritage spirituel propre au Vietnam, c’est-à-dire  le culte des esprits, des saints et des génies.
Particularité intéressante de cette religion, les caodaïstes sont convaincus que le message divin leur est transmis directement de Dieu à-travers des mediums lors de séances de spiritisme. Les caodaïstes vénèrent également des personnages illustres tels Victor Hugo, Jeanne d’Arc, Descartes, Pasteur, Shakespeare et même Lénine avec lesquels les médiums sont entrés en communication au cours d’une séance de spiritisme.
Cette religion compte maintenant moins de 2 millions d’adeptes à-travers le Vietnam; elle a été grandement décimée lorsque les communistes ont pris le pouvoir parce qu’elle s’était mêlée de politique et avait pris position du côté des régimes français et américains auparavant. Elle avait même constitué une armée privée de 25 000 hommes aux services des japonais durant la Seconde Guerre mondiale.
Nous avons assisté à une des quatre messes caodaïstes quotidiennes, tous les fidèles vêtus de grandes tuniques blanches, les dignitaires en jaune (branche bouddhiste), en bleu (branche taoïste) et en rouge (branche confucianiste). Aucun sermon, aucun discours, juste des prières et des offrandes au son de la musique d’un petit orchestre et des murmures d’une chorale.
Le temple, mi-pagode, mi-église, est lourdement décoré de statues, dragons et animaux mythiques de toutes les couleurs. C’est un bel exemple d’art «kitsch», agréable à l’œil mais fort différent de l’architecture des stupas bouddhistes, des pagodes chinoises et des temples khmers que nous avions vus à date. Unique, une curiosité qui en valait le détour !!!