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HUÉ, LA CITÉ IMPÉRIALE

7 au 11 janvier 2011

À la Citadelle de Hué, le palais du Trône, le seul qui ait échappé aux bombardements américains de 1968
La citadelle
Classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, Hué, 400 000 habitants est fascinante à plus d’un point de vue. Située à une centaine de kilomètres au nord d’Hoi An, à proximité de la mer de Chine également, sur les rives de la rivière aux Parfums (quel joli nom !), Hué fut la capitale du Vietnam durant le règne de la dynastie des Nguyen. Treize empereurs y régnèrent de 1802 à 1945 d’où les principales attractions de la ville soit la Citadelle (Cité impériale) et les tombeaux des différents empereurs.
Hué a eu la malchance d’être située juste un peu au sud du 17e parallèle, la ligne de séparation entre  le Nord et le du Sud Vietnam.  Ainsi, durant la  Guerre du Vietnam de violents combats y ont fait rage, notamment durant l’offensive du Têt en janvier 1968 alors que l’armée Viêt-Cong du Nord tint la citadelle pendant près de 2 mois malgré de très violents bombardements américains qui la détruisit en grande partie. Sur 300 bâtiments, il n’en reste que 80 aujourd’hui…
Malgré cette triste destruction, la citadelle demeure un site magnifique où il est très agréable de se balader. Plusieurs des bâtiments restants ont été restaurés ce qui nous donne une idée de la majesté et de l’ampleur de la citadelle originale. Entourée d’un mur percé de 10 portes,  la citadelle a un périmètre de plus de 10 km !

 Plus de 80 000 personnes ont travaillé à son édification et 60 000 vivaient à l’intérieur de la citadelle. La ville comprend trois murs d’enceinte : celui de la ville impériale (jusqu’à 20 m de large), celui de la cité impériale et celui de la Cité pourpre interdite, cette dernière abritant les palais royaux. Tout autour, des douves protège la citadelle de l’envahisseur; à l’intérieur, d’autres canaux et étangs contribuent à l’harmonie du site. Hué, faut-il le préciser, a été dessiné en respectant toutes les règles rigoureuses  de la géomancie («feng shui»), un mélange d’astrologie, de légendes et de traditions religieuses.
Le rouge est réservé pour l’empereur, le jaune pour les mandarins (en passant, soulignons que les mandarins, les hauts fonctionnaires de l’État, sont aussi des érudits choisis par concours sur la base de leurs connaissances en littérature notamment et non sur leur position sociale ou fortune personnelle). Les pavillons, temples, pagodes et palais sont tous richement ornés de tableaux de céramique, soutenus par des colonnes de bois peintes en rouge et coiffés de toits aux tuiles rouges et vertes patinées par le temps, magnifique !
 Autre particularité d’Hué : le sang royal qui coule dans les veines de beaucoup de ses habitants. En effet, les empereurs du 19e siècle collectionnaient les concubines par dizaines, voire par centaines. L’empereur Minh Mang eut 300 concubines et 144 enfants !
Enfin, il est supposé être très romantique de faire un tour en bateau sur la Rivière aux parfums qui tient son nom des nombreuses herbes médicinales qui abondaient sur ses rives autrefois. La promenade fut très agréable et nous a permis d’observer les traditionnels sampans qui naviguaient sur la rivière mais, malheureusement, le temps maussade, frais et pluvieux a quelque peu assombri le romantisme de l’endroit…

Site du tombeau de l'empereur Minh Mang
Les tombeaux impériaux
Comme les empereurs chinois, les empereurs vietnamiens firent construire, souvent de leur vivant, de somptueux mausolées pour les accueillir à leur mort. Selon les croyances vietnamiennes, il existe une vie dans l’au-delà et les morts ont les mêmes besoins que les vivants : se loger, manger, dormir etc d’où la construction de ces tombeaux impériaux dans des sites naturels avec des paysages magnifiques. Nous en avons visité trois : celui de Minh Mang (mort en 1840), celui de Tu Duc (1883), celui de Khai Dinh (1925). Tous construits selon les règles de la géomancie, ils ont des traits communs : vastes esplanades, parc avec étangs paisibles, grands escaliers, portes richement décorées, cour d’honneur où sont alignées des  rangées de statues de soldats, mandarins, chevaux et éléphants, stèle gravée de la biographie de l’empereur, pavillons, temples et, finalement, le tombeau lui-même qui, surprenamment, est souvent sobre et dépouillé.
Chaque site est différent et nous rappelle que, malgré toutes leurs richesses terrestres, ces empereurs très puissants qui se considéraient comme des dieux ont fait face à la seule justice sur terre !
La pagode de Thiên Mu
À 5 km à l’ouest de la ville, la pagode de Thiên Mu, appelée «Pagode de la vieille Dame céleste» été fondée en 1601. L’édifice actuel date toutefois de 1841. La tour octogonale à 7 étages, qu’on voit sur toutes les cartes postales de Hué, symbolise les 7 réincarnations de Bouddha.
À l’entrée du temple, un «happy bouddha»… cela nous fait encore tout drôle de voir ces statues vietnamiennes de Bouddha qui le représente gros et bedonnant avec des bijoux et un grand sourire… on est loin du Bouddha très simple et mystique du Myanmar… on nous explique qu’après avoir vécu des moments difficiles, le vietnamiens recherchent et valorisent et la prospérité et le bonheur… ils ont donc fait un Bouddha à cette image… «same, same but different» comme on dit souvent ici… !
Cette pagode est aussi tristement célèbre car elle abrite une étrange relique : une automobile Austin bleue ayant appartenu à un bonze (moine) qui, en 1963, s’immola par le feu en plein cœur de Saigon pour protester contre le pouvoir dictatorial de l’époque. En 1975, après la défaite du Sud, des milliers de moines bouddhistes furent envoyés dans des camps de rééducation et les biens des pagodes furent confisqués. Douze bonzes de Hué se suicidèrent à la manière de leur prédécesseur en signe de contestation. Il y a seulement quelques années, un fidèle s’est fait subir le même sort dans le jardin de la pagode… Difficile d’imaginer tant de souffrance dans ce jardin si calme et accueillant avec ses nombreux arbres fruitiers et bonsaïs…
Le temps pluvieux et frisquet nous chasse finalement de Hué. On nous dit que c’est l’hiver le plus froid que le Vietnam ait connu depuis des dizaines d’années. Pauvres de nous… nous montons vers le nord, il paraît qu’il gèle dans les montagnes au nord d’Hanoi… Brrrrrrrrr